Aujourd’hui, nous allons aborder la manière dont la flotte pétrolière fantôme russe a finalement été démantelée, alors que l’Allemagne a décidé d’arraisonner tout navire sanctionné appartenant à la flottille russe. Cette initiative majeure représente une menace considérable pour les opérations menées par Moscou afin de contourner les sanctions occidentales.
L’Allemagne a pris une mesure décisive contre le commerce pétrolier illicite de la Russie en saisissant un pétrolier appartenant à la soi-disant flotte fantôme de Poutine, marquant ainsi une escalade significative dans la répression occidentale contre l’évasion des sanctions.

Récemment, les douanes allemandes ont arraisonné et confisqué l’Eventin, un pétrolier battant pavillon panaméen, longtemps soupçonné de faire partie du réseau maritime clandestin russe utilisé pour contourner les sanctions occidentales. Transportant près de 100 000 tonnes de pétrole russe, d’une valeur de plus de 40 millions d’euros, l’Eventin a été officiellement ajouté à la liste des sanctions de l’Union européenne en février.

La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a qualifié cette saisie de réponse directe à l’utilisation cynique par la Russie de « pétroliers rouillés et dangereux » qui, en plus d’enfreindre les sanctions, posent de graves risques environnementaux et sécuritaires pour les eaux européennes. Dans ce cas précis, le navire, devenu hors service à la suite d’une panne moteur, a commencé à dériver vers les côtes allemandes. Cette action constitue un avertissement clair adressé à la Russie : ses tentatives de contourner les restrictions ne resteront pas impunies.


La flotte fantôme est devenue un outil essentiel pour permettre à la Russie de maintenir son économie de guerre en continuant d’exporter du pétrole malgré les embargos occidentaux. Elle est composée de centaines de pétroliers vieillissants, souvent enregistrés sous des pavillons de complaisance dans des juridictions à la réglementation laxiste, comme la Mongolie, un pays enclavé sans accès à la mer. Ces navires opèrent sous des structures de propriété opaques, changeant fréquemment de nom et de documents afin d’échapper aux contrôles.

L’un des principaux moyens de contournement des sanctions repose sur les transferts de cargaison entre navires en haute mer. Les pétroliers russes se retrouvent dans les eaux internationales, notamment au large des côtes grecques, en Malaisie et dans le golfe de Finlande, où le pétrole brut est transféré d’un navire à l’autre pour dissimuler son origine. De nombreux navires désactivent leurs systèmes de suivi, falsifient leurs documents de cargaison et recourent à des compagnies d’assurance non occidentales pour maintenir une apparence de légalité.

L’ampleur de cette opération est considérable. Des rapports indiquent que la flotte fantôme transporte désormais plus de 80 % des exportations de pétrole brut russe, la mer Baltique jouant un rôle clé dans ce commerce illégal. En 2023 seulement, 348 navires de la flotte fantôme ont quitté les ports russes de la région, représentant près de 40 % des revenus pétroliers de Moscou, soit l’équivalent d’un tiers du budget annuel de la défense russe.
La saisie de l’Eventin intervient dans un contexte de frustration croissante parmi les nations occidentales face à l’inefficacité des sanctions traditionnelles pour réduire les revenus pétroliers de la Russie. L’Union européenne, les États-Unis, le Royaume-Uni et le Japon ont tous imposé des restrictions visant les exportations énergétiques russes, sanctionnant plus de 180 navires de la flotte fantôme, des dizaines de négociants en pétrole et des géants énergétiques d’État russes, tels que Gazprom Neft.

Les pays européens explorent actuellement des options juridiques pour intensifier la répression contre la flotte fantôme russe. L’une des stratégies envisagées consiste à saisir les pétroliers vieillissants — dont beaucoup ont plus de 15 ans — en vertu des lois maritimes sur la prévention des risques environnementaux. Une autre approche serait d’arrêter les navires soupçonnés d’être liés à des actes de sabotage sous-marin, comme l’attaque présumée du câble reliant l’Estonie à la Finlande en 2023, en appliquant les lois contre la piraterie. Enfin, les autorités pourraient exiger que les pétroliers naviguant dans les eaux européennes soient assurés par des compagnies agréées, permettant ainsi la détention des navires dont la couverture est insuffisante ou douteuse.

Face à l’intensification du contrôle occidental, la Russie s’est tournée vers les cryptomonnaies comme moyen alternatif pour régler ses transactions pétrolières. Selon plusieurs rapports, des sociétés intermédiaires facilitent désormais les ventes de pétrole en convertissant les paiements chinois et indiens en cryptomonnaies, qui sont ensuite échangées contre des roubles en Russie, contournant ainsi les restrictions sur les transactions en dollars.

Les experts estiment que même si les sanctions traditionnelles étaient levées, la Russie continuerait à exploiter les actifs numériques décentralisés pour maintenir sa résilience économique. Ce changement représente un nouveau défi pour les régulateurs occidentaux, car le suivi et le gel des transactions en cryptomonnaies sont beaucoup plus complexes que les mesures bancaires traditionnelles.

Dans l’ensemble, la saisie de ce navire par l’Allemagne constitue un coup dur pour la flotte fantôme russe. Pour être encore plus efficace, l’Occident doit adopter une approche coordonnée et agressive afin de fermer les failles qui permettent à ces navires de continuer à fonctionner. Les ventes illicites de pétrole restent une source de financement essentielle pour la guerre menée par Moscou en Ukraine. Avec l’Europe envisageant désormais des confiscations à grande échelle, la lutte pour couper les ressources économiques de la Russie pourrait bientôt s’intensifier.

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