Aujourd'hui, nous allons discuter de l'effondrement récent du rouble russe. Nous examinerons les raisons de cette chute, ses conséquences pour l'effort de guerre russe et plusieurs tentatives russes de réduire temporairement ces problèmes croissants.

Premièrement, le rouble n'était déjà pas en bonne forme en raison de niveaux d'inflation élevés, et la Banque centrale russe a augmenté les taux d'intérêt à des niveaux exorbitants pour tenter de compenser, comme expliqué dans un précédent aperçu stratégique. Cependant, pour comprendre la chute rapide du rouble, il est important de comprendre ce qui détermine la valeur d'une monnaie. Le facteur clé déterminant la valeur du rouble, comparé à d'autres monnaies comme le dollar ou l'euro, est sa demande sur les marchés mondiaux. En d'autres termes, si le commerce international est effectué en roubles, la demande pour ceux-ci augmentera car les pays et les entreprises devront acheter des roubles pour commercer avec la Russie, ce qui augmentera sa valeur par rapport aux autres monnaies.

En raison des sanctions économiques de l'Occident, la demande et la valeur du rouble avaient déjà diminué de manière significative, les pays occidentaux n'échangeant plus avec la Russie. Le gouvernement russe a précédemment mis en place des politiques pour augmenter artificiellement la demande de roubles, obligeant les exportations russes à être effectuées pour au moins 50 % en roubles, et les exportateurs à conserver au moins 60 % de leurs gains en Russie. Les récentes modifications de politique ont abaissé ces exigences à 25 % des exportations en roubles et à 40 % des bénéfices des exportateurs devant être gardés en Russie. Ces mesures ont poussé les exportateurs russes à faire plus d'affaires en devises étrangères, réduisant ainsi la demande internationale pour le rouble et abaissant sa valeur.

Cependant, le facteur déterminant réside dans le fait que l'augmentation de l'inflation coïncide avec les nouvelles sanctions des États-Unis contre Gazprombank, la troisième plus grande banque de Russie, qui gère les comptes du conglomérat gazier Gazprom. Il est important de noter que l'Union européenne importe encore 17 % de son gaz de la Russie, et Gazprombank était le seul médiateur permettant aux pays européens d'acheter des roubles pour acquérir du gaz russe. La Russie a utilisé Gazprombank pour contourner les autres sanctions occidentales, et cette banque servait à payer les salaires, primes d'embauche, compensations pour blessure des soldats, ainsi que pour leurs familles en cas de décès.

Bien que la Russie puisse produire des armements simples de manière autonome, l'industrie de défense russe dépend des composants technologiques de haute qualité, achetés en devises étrangères, pour des systèmes d'armement plus avancés. Par conséquent, la forte baisse de la valeur du rouble impacte directement la capacité de la Russie à produire des systèmes d'armement avancés, tels que les radars, systèmes de ciblage, composants d'avions haute technologie et divers équipements de communication. Un rouble plus faible augmente également le coût de l'approvisionnement en nourriture, carburant, munitions et logistique générale pour les unités de première ligne, surtout si cette logistique dépend partiellement des importations internationales. C'est l'une des raisons pour lesquelles la Russie a récemment envoyé en Corée du Nord plus d'un million de barils de pétrole et un nombre indéterminé d'équipements de défense aérienne, probablement en échange de soldats nord-coréens pour lutter contre l'Ukraine.

Enfin, un rouble dévalué complique le financement des paiements et des primes d'embauche pour les nouveaux recrues russes. Le gouvernement russe augmente sans cesse les primes d'embauche pour forcer les citoyens russes à rejoindre l'armée, actuellement fixées à 3 millions de roubles dans certaines provinces, soit plus de 28 000 dollars au moment de la rédaction de cet article. Cependant, le gouvernement russe tente de minimiser les problèmes actuels, affirmant qu'il n'y a pas de problème de recrutement et qu'il n'est pas nécessaire de procéder à une nouvelle mobilisation. Bien qu'il soit vrai que la Russie ne lancera pas une nouvelle vague de mobilisation, les événements récents montrent qu'ils doivent compter sur plus de 12 000 soldats nord-coréens pour combler leurs rangs.
Le gouvernement russe fait également tout ce qu'il peut pour éviter de payer les primes d'embauche et les compensations médicales à ces soldats. Le ministère de la Défense russe a récemment soumis une loi permettant au gouvernement de récupérer la prime de signature d'un soldat s'il commet une faute disciplinaire grave ou s'il évite ses obligations militaires. Poutine a également récemment fortement diminué les paiements que les soldats russes recevaient après avoir été blessés sur le champ de bataille.

Dans l'ensemble, la Russie s'engage dans une spirale économique descendante, car les récentes modifications de la politique russe indiquent une grave inquiétude concernant la stabilité économique à long terme du pays. L'économie russe souffre lourdement sous les sanctions internationales, et la politique de recrutement par des incitations économiques semble insoutenable, comme les primes d'embauche toujours croissantes. Les économistes russes avertissent que 2025 pourrait être une année cruciale pour l'économie russe, certains prédisant même un effondrement économique. Beaucoup de choses peuvent changer, mais la Banque centrale russe fera tout ce qu'elle peut pour prolonger la catastrophe, ayant déjà suspendu temporairement tous les achats de devises étrangères sur le marché russe jusqu'à la fin de l'année, afin de soutenir le rouble russe. Cependant, la question demeure : combien de temps cela pourra-t-il durer avec l'économie russe dans cet état?

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